Espèces Exotiques Envahissantes

Depuis des siècles, les hommes échangent et transportent des espèces floristiques et faunistiques pour leur intérêt alimentaire, leurs propriétés médicinales ou ornementales. Quelques unes de ces espèces parviennent à s’installer durablement et peuvent dans certains cas proliférer et générer des impacts sur les écosystèmes, les activités socio-économiques ou bien sur la santé humaine.

Définition

Qu’est ce qu’une espèce exotique envahissante

Quand une espèce exotique s’installe sur un site, elle est plus ou moins bien adaptée aux conditions du milieu. Elle peut donc disparaître, se maintenir ou se développer en excès. Elle peut devenir envahissante et impactante lorsqu’elle franchit les étapes suivantes :

1) Introduction d’une espèce exotique sur un nouveau territoire, de façon fortuite ou volontaire au travers des activités humaines

2) Acclimatation de la population qui survie dans les conditions écologiques et climatiques locales et immédiate du lieu d’introduction

3) Naturalisation de l’espèce qui se reproduit dans la nature et constitue des populations pérennes de plus ou moins grande taille

4) Prolifération de l’espèce qui devient impactante pour la biodiversité locale, engendrant parfois des impacts économiques et sanitaires.

Ainsi chez les plantes, pour 1000 espèces introduites, 100 s’acclimatent, 10 se naturalisent et une peut devenir envahissante. Pour les animaux, ce ratio peut être plus important, notamment pour les vertébrés.

Les conséquences d’une prolifération

La propagation sans limite de certaines espèces peut avoir de nombreux impacts négatifs sur l’écosystème. Ainsi certaines plantes, par leurs modes de reproduction très performants, supplantent les autres espèces végétales et finissent par les faire disparaître. Ceci provoque une perte de la biodiversité dans les milieux naturels. Dans le cas des plantes aquatiques envahissantes, leur forte production occasionne une grande quantité de matières organiques qui en se dégradant, participent activement à l’envasement de la rivière ou du plan d’eau. Dans certains cas, la végétation envahit toute la surface en eau empêchant ainsi toutes activités, notamment la navigation et la pêche, entraînant des coûts de gestion élevés. Sur la vallée de l’Erdre, la prolifération de certaines espèces exotiques aquatiques est très préoccupante. Les principales espèces incriminées sont : les jussies et le myriophylle du brésil. Enfin, certaines espèces terrestres provoquent des allergies, des problèmes respiratoires, des brûlures cutanées … engendrant des coûts importants sur les finances publiques.

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Marais de Mazerolles – Philippe Marchand©

Les espèces exotiques envahissantes sur la vallée de l'Erdre

Les jussies

EEE_Jussie_grandes_fleursLa jussie est une plante aquatique, d’origine américaine, introduite en France depuis près d’un siècle afin d’agrémenter les bassins et les aquariums. Elle serait arrivée en France soit depuis l’Hérault et le Gard, soit depuis les Landes. Son extension très rapide depuis une vingtaine d’année en fait une des espèces aquatiques invasives les plus préoccupantes. Elle possède une croissance remarquable (doublement de la biomasse toutes les 2 à 3 semaines) et se reproduit très efficacement notamment par bouturage. Actuellement, il y a peu d’informations sur la reproduction par graine de la jussie, mais elle a été constatée sur les marais de Mazerolles notamment. La jussie s’adapte parfaitement aux conditions de la vallée de l’Erdre. La rivière, les canaux et les étangs peu profonds sont des terrains particulièrement favorables à son implantation. Les parties les plus touchées par cette invasion, sont l’Erdre et ses marais entre Sucé sur Erdre et Nort sur Erdre, et les étangs de Vioreau et de la Provostière.

 Le Myriophylle du Brésil

EEE_Myriophylle_du_BrésilLe myriophylle du Brésil est une plante envahissante présente sur toute la façade ouest et sud-ouest de la France. C’est une plante originaire d’amérique du sud qui a été introduite en France à la fin du XIX ème siècle près de Bordeaux. Le myriophylle du Brésil est apparue dans les marais de la Noë Guy vers 1980, et sa présence sur l’Erdre a été avérée en 1991. Il est toujours présent de nos jours. Le myriophylle du Brésil est une plante aquatique à amphibie formant des herbiers immergés ou émergés. Il présente des tiges noueuses pouvant mesurer 3 à 4 m de longueur et quelques millimètres de diamètre. De plus, les feuilles sont en forme de peigne avec 8 à 30 segments parallèles de chaque côté de la nervure centrale. La reproduction végétative par allongement, fragmentation et bouturage des tiges est le seul mode de propagation de cette espèce mais il est très efficace. La colonisation s’effectue généralement à partir du pied de la berge puis s’étend progressivement vers les zones plus profondes du plan d’eau.

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Gestion des espèces exotiques envahissantes

Lorsque l’on se lance dans des travaux d’enlèvement de la jussie, quelque soit le choix de la méthode, il est indispensable de prévoir un entretien les années suivantes.

L’arrachage manuel

L’élimination par arrachage manuel apparaît comme la meilleure solution. Chaque phase de l’opération doit être appréhendée avec précaution jusqu’à l’évacuation des végétaux. Son point faible réside dans le traitement de grande surface où le travail devient très difficile et vite démotivant.

Quelques conseils :
– penser à protéger les berges (pose de bâches) pour éviter son implantation
– de même stocker la jussie sur bâche avant son élimination.
– effectuer un passage avec une épuisette à petite maille sur chaque zone traitée afin de retirer les éventuelles boutures
– compartimenter les secteurs d’intervention (installation de filet) pour éviter l’implantation sur d’autres secteurs.

L’arrachage mécanique

L’arrachage mécanique permet de traiter de grande surface avec un état de développement important de la jussie.

Cependant cette technique produit plus de bouture et de repousse que l’arrachage manuel. C’est pourquoi il est important de le coupler avec un arrachage manuel qui peut intervenir en décalage dans le temps.

Différentes techniques d’arrachage mécanique existent.

Parmi elles, on retrouve :

– L’arrachage à l’aide d’une pelle et d’un codet, qui ne présente pas de bons résultats car le mouvement du godet enfouit une partie des racines dans le sol au lieu de les enlever. Cette technique n’est pas recommandée, même en cas de curage, sans avoir enlevé la jussie au préalable.

– Une autre technique consiste à arracher les végétaux à l’aide d’un grand râteau qui plonge au niveau des racines. Cette technique est efficace surtout pendant la période végétative de la plante, en fin de saison, la plante cassant plus facilement.

– Une troisième technique mécanique, consiste à arracher les végétaux à l’aide d’une pince munie de dents.

– Le faucardage de la jussie est à proscrire, la plante se reproduisant par bouturage, l’action risque d’être pire que de ne rien faire.

Le traitement chimique :

L’usage de produits phytosanitaires est strictement interdit dans les zones humides et les cours d’eau.

Télécharger le guide technique sur les méthodes de gestion des plantes exotiques

Réglementation

L’arrêté du 2 mai 2007 est relatif aux interdictions à la vente portant sur deux espèces de jussie -Ludwigia grandiflora et Ludwigia peploides-.

Article 2 :

Sont interdits sur tout le territoire métropolitain et en tout temps, le colportage, la mise en vente, la vente, l’achat, l’utilisation ainsi que l’introduction dans le milieu naturel, volontaire, par négligence ou par imprudence de tout spécimen des espèces végétales suivantes :
– Ludwigia grandiflora (Michx.) Greuter & Burdet, Ludwigie à grande fleurs ;
– Ludwigia peploides (Kunth) P.H. Raven, Jussie.

Art. L.411-3 du code de l’environnement – Annexe 3 

« I. – Afin de ne porter préjudice ni aux milieux naturels ni à la faune et à la flore sauvages, est interdite l’introduction dans le milieu naturel, volontaire ou par imprudence :

III. – Dés que la présence dans le milieu naturel d’une des espèces visées au I est constatée, l’autorité administrative peut procéder ou faire procéder à la capture, au prélèvement, à la garde ou à la destruction des spécimens de l’espèce introduite. Les dispositions du II de l’article L. 411-5 s’appliquent à ce type d’intervention.

IV. – Lorsqu’une personne est condamnée pour infraction aux dispositions du présent article, le tribunal peut mettre à sa charge les frais exposés pour la capture, les prélèvements, la garde ou la destruction rendus nécessaires.

Actions

En 2001, l’EDENN a lancé les premiers chantiers d’arrachage de jussie. Ces chantiers sont aujourd’hui repris par la CCEG, le Conseil Général 44, et la Fédération des Amis de l’Erdre sur la partie Nantaise. L’EDENN joue aujourd’hui un rôle de coordination, de suivi et d’assistance à maîtrise d’ouvrage notamment pour la CCEG et de soutien technique pour la Fédération des amis de l’Erdre.

De plus, l’EDEN a participé à la création d’un comité technique sur les plantes exotiques envahissantes au niveau régional. A travers ce cadre, l’EDENN continue des chantiers expérimentaux notamment sur la jussie terrestre et réalise des cartographies annuelles de la répartition des EEE sur bassin versant.

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Travaux d’arrachage de la jussie avant / après